C EST QUOI LA VIE

Cette nuit-là, en sortant de la discothèque, Nicolas a proposé à Pauline, son flirt, de l’épouser. Elle ne l’a pas pris au sérieux. Et l’était-il vraiment ? En réalité, Nicolas aspire à un grand changement : la vie qu’il mène auprès de ses parents, des fermiers aveyronnais, lui apparaît insupportable.

Marc, son père, est criblé de dettes ; pourtant il travaille comme un forcené et ne tient que grâce aux tranquillisants dont il se bourre. Noël, le grand-père, attaché viscéralement aux traditions paysannes, juge avec scepticisme les technologies mises en œuvre par son fils pour cultiver la terre et nourrir le bétail. Monique, sa mère, sachant la faillite inévitable, s’est fait embaucher comme caissière au supermarché de la ville. Dans ce contexte familial tendu, Nicolas prend sa part des travaux de la ferme : traite des vaches, entretien du matériel, semis, labours… Et son unique distraction, c’est la danse, le week-end, à la discothèque.

Un jour, Nicolas a reconduit chez elle une jeune femme, Maria, dans une maison isolée sur le causse. Elle est veuve, mère de deux enfants. Autrefois chanteuse, elle a perdu sa voix. « Une femme comme ça, t’en rencontres qu’une dans ta vie » confie Nicolas à son copain Rémy, qui se moque gentiment de lui.

Marc s’est pendu le jour où il a su que son troupeau, où s’est déclaré un cas de « vache folle », allait être abattu. Depuis, le grand-père a perdu la tête et il a fallu se résoudre, une fois la ferme vendue, à le placer avec Laure, sa femme, dans une maison de retraite.

Sa famille étant réinstallée, Nicolas voit l’occasion d’un nouveau départ. Il achète une camionnette et monte à Paris vendre des produits du terroir. L’amende infligée, au retour, pour défaut d’assurance du véhicule, absorbera le bénéfice ! Pendant ce temps, à l’hospice, Noël dépérit. Il veut voir le soleil et sentir la terre sous ses pieds. Nicolas décide alors de prendre en charge ses grands-parents et de s’installer, avec eux et sa jeune sœur Patty, dans cette vieille maison sur le causse où ils habitaient autrefois. Avec un tracteur retapé par Rémy et deux vaches données par le père de Pauline, Nicolas repart à zéro avec, en mémoire, cette leçon de son père : « Un paysan ça ne peut pas mourir de faim tant qu’il a une terre et de quoi semer ».

Et Maria réapparaît. Les jeunes gens, bouleversés, se revoient, se promènent longuement dans la montagne et se découvrent follement amoureux. Et lorsqu’à la ferme, le soir où il a aidé la vache à mettre bas, Nicolas questionne Maria, témoin de la scène : « Tu pourrais vivre ici avec moi ? », celle-ci, sans hésiter, acquiesce. Une nouvelle cellule familiale est née, unie, heureuse, accueillante. Et le grand-père, face au somptueux coucher du soleil sur le causse, savoure le bonheur d’être en vie.