L AMERICAIN

Après quinze années passées aux États-Unis, où il a fait fortune, Bruno revient à Rouen et fait le tour de ses amis d'autrefois: Paul, un petit patron de bistrot; Jacky, un ancien footballeur professionnel qui fut même sélectionné en équipe nationale mais qui, depuis, s'est contenté d'entraîner une petite équipe et traîne sa vie sans but précis; Raymond, menuisier consciencieux; Corbeau, idéaliste bohème qui erre de petits boulots en petits boulots; Léone, patronne de l'auberge où ils se retrouvaient autrefois et où Jacky s'adonne tous les soirs à d'interminables parties de poker; Tony Morvan, le seul à avoir socialement réussi après un mariage bourgeois et qui, désormais rangé... des voitures, se complaît à jouer les patrons de garage fort occupés.

Bruno devient l'amant d'une nuit de la belle brune de l'agence immobilière; celle-ci lui a fait visiter un appartement en compagnie de Raymond, lequel s'avère machiste, xénophobe, toujours partisan de l'Algérie française. Il n'a pas évolué depuis cette époque de la guerre d'Algérie, dont n'est jamais revenu leur ami Patrick Sarrutel, lui qui s'était engagé simplement pour ne pas croupir à Rouen et qui avait encouragé Bruno à partir en Amérique.

Lors de ses funérailles, Corbeau avait prononcé une émouvante oraison, contestant l'inutilité d'un tel sacrifice pour cette guerre criminelle, ce qui n'avait pas plu à Raymond. Bruno voudrait rendre visite à la mère de Patrick, mais il apprend qu'elle est morte depuis quatre ans. Plus rien ne le retient. Il repart.