AU PAYS DES JULIETS

Trois jeunes femmes incarcérées depuis longtemps dans la même prison, près de Lyon, bénéficient le même jour d'une permission de sortie de 24 heures. Elles ne se connaissent pas mais échouent dans une gare proche pour apprendre qu'à cause d'une grève, il n'y a pas de train.

L'une d'elle vole un corbillard et y embarque les deux autres, début d'une équipée où chacune parviendra à s'épanouir et à se révéler, malgré les méfiances, les désespoirs, la force des souvenirs, la tentation de se taire ou de se justifier, la tristesse qui peut casser l'envie de profiter de ce répit, avant de revenir au quotidien carcéral.

L'exubérante Henriette fut apprentie-comédienne et causa par inconscience la mort de son enfant, le jour où la perspective d'une audition lui fit perdre la tête. Elle revient à son cours d'art dramatique, au cinéma où elle a travaillé, aux images de LA STRADA, d'Ava Gardner ou d'Anna Magnani qui la hantent, et à cette petite tombe au fond d'un cimetière.

Raïssa, grave et taciturne, est la plus aisée; elle paie dans les magasins et achète même une robe de mariée pour une amie codétenue. Elle a tué son mari par jalousie et ne pense plus maintenant qu'à renouer le contact au téléphone avec son fils, qui l'a rejetée.

Thérèse, enfin, a posé des bombes pour une organisation terroriste. Comme Henriette, elle est seule aujourd'hui. Elle voulait être institutrice, maintenant, elle jongle dans sa cellule.

Dans Lyon indifférente, elles cherchent un contact, avec un homme de rencontre par exemple. Elles se disputent, se réconcilient, parlent avec une vendeuse, une serveuse, et avec le garçon qui fait une enquête dans la péniche-boîte de nuit où elles se sont réfugiées.

Au moment du retour vers la prison, le fils de Raïssa accepte enfin d'écouter sa mère au bout du fil. Le quai de la gare, lieu de leur rencontre, les retrouve une nouvelle fois, désormais toutes trois amies et solidaires.