LE BRISEUR DE CHAINES

Les Mouret forment une grande famille apparemment unie, vivant en autarcie dans la petite commune de Saint-Viaud, en pays de Retz. À la tête, l'aïeule, qu'on appelle affectueusement Mamouret; une fête se prépare en l'honneur de ses cent six ans, qui sera donnée devant l'auberge du "Mouton blanc", tenue par Antoine Mouret, son petit-fils.

Ce dernier a des vues sur l'avenir de la lignée; il a prévu un triple mariage, en costumes d'époque; celui de son fils Guillaume, un benêt, avec la jolie Marie-Josèphe, dite Fifine, une orpheline adoptée par le clan; de sa fille Estelle avec Laurent, beau garçon insouciant; et de deux autres cousins Mouret, Léonard et Gisèle.

Cet arrangement déplaît à la centenaire, qui prétend avoir gâché sa vie en restant cloîtrée au village, alors qu'elle a eu tant d'occasions de céder à des amourettes de passage... Ce n'est pas son fils Esprit, un septuagénaire radoteur, ni la brave Eloïse, restée vieille fille, et qui la soigne avec dévouement, qui la contrediront.

L'occasion de secouer le joug familial lui est fournie par la venue à Saint-Viaud d'un cirque ambulant, avec en vedette Marcus, un athlétique briseur de chaînes, flanqué d'une écuyère, Graziella. Marcus flirte avec Marie-Josèphe, et la vieille se souvient qu'autrefois, elle aussi s'est amourachée d'un fringant saltimbanque, Alexandre, qui se trouve être précisément le grand-père de Marcus. Peut-être même a-t-elle fauté avec lui, qui sait ?

Elle va user ses dernières forces à favoriser le rapprochement des deux jeunes gens, au grand dam de son entourage. Le cirque donne sa représentation, suivie de la fête de l'aïeule, qu'un ministre et le préfet du département honorent de leur présence.

Antoine s'apprête à annoncer les fiançailles qu'il a combinées. Mais l'ancêtre fait capoter le projet, avant de s'éteindre, avec Esprit à son chevet, tandis que Marcus part sur les routes en compagnie de Fifine, réalisant le rêve de jeunesse de Mamouret.